Sonnets pour Hélène (1578). Pierre de Ronsard.

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
assise auprès du feu, dévidant et filant,
direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
«Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle!»

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
déjà sous le labeur à demi sommeillant,
qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,
bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serais sous la terre, et, fantôme sans os,
par les ombres myrteux je prendrai mon repos;
vous serez au foyer une vieille accroupie,

regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain:
cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Traducción

Cuando seáis muy vieja, de noche, a la luz de una vela,
sentada junto a la lumbre, devanando e hilando,
diréis, cantando mis versos, maravillada:
“¡Ronsard me cantaba cuando yo era hermosa!”

No tendréis entonces sirvienta que ante tales palabras,
aunque esté ya medio adormecida,
al oír el nombre de Ronsard no se despierte,
bendiciendo vuestro nombre de inmortal gloria.

Yo estaré bajo tierra, y, como un fantasma,
a la sombra de los mirtos descansaré;
vos seréis una vieja encorvada junto al hogar,

lamentando mi amor y vuestro altivo desdén.
Vivid, creedme, no esperéis al mañana:
coged desde hoy las rosas de la vida
Pierre de Ronsard Sonnets pour Hélène (1578)
Por Francisco Javier Jimémez Bautista